Comme chacun sait l’actualité de cette rentrée a été marquée par des images saisissantes et des chiffres effarants.
Images de migrants tentant de quitter leur pays, avec ce qu’ils pouvaient emporter, pour sauver leurs vies et celles de leurs enfants. Images de violences policières et humiliations. Images de corps repêchés, d’enfants noyés.
Chiffres chaque jour en hausse du nombre de morts tant dans la Méditerranée que du côté de Calais. Chiffres toujours aussi ridiculement bas d’accueil par les pays européens de ces mêmes populations.
Une fédération de centres sociaux a-t-elle à prendre position sur de tels sujets qui semblent dépasser nos compétences et agréments ? Notre fédération comme tant d’autres réseaux associatifs s’est évidemment posée cette question.
Aujourd’hui elle ne se la pose plus. D’abord parce que notre réseau national s’est fort à propos positionné par un communiqué le 24 septembre 2015 : « Faire ce qui nous semble juste, là où nous sommes ».
Communiqué qui rappelle notre nécessité d’agir localement face aux fatalismes et sentiments d’impuissance. Agir en accueillant et aidant certes mais aussi en apportant « notre contribution à ces débats pour expliquer, informer, proposer d’autres façons de voir, de vivre ces événements ». En réunissant « des témoignages des migrants eux-mêmes et de ceux qui les ont accueillis, nous pourrions ensemble témoigner qu’au-delà de la peur que ressentent certains de nos compatriotes, l’arrivée de ces personnes permet des rencontres, des gestes de solidarité, de partage et est source d’enrichissement pour les territoires à partir des capacités des arrivants ».
Cette question ne se pose plus aussi depuis que des centres sociaux de notre département sont en action à Colombes et à Nanterre pour soutenir des migrants présents dans nos quartiers et dépourvus des moyens élémentaires de survie (soins, alimentation, vêtements). Dès le début de l’été, et ce en lien avec nombre d’associations locales, des centres sociaux se sont mobilisés pour subvenir à ces besoins et alerter autorités locales et associations. Ils l’ont fait parce que de nombreux habitants ont souhaité pouvoir s’appuyer sur les centres pour s’organiser. Mais aussi parce qu’ils n’avaient « pas d’autres choix que d’intervenir » face à ces détresses sous leurs yeux.
Aujourd’hui il est de notre responsabilité de relayer ces deux attentes. Celle de débats, d’espaces de réflexion initiée par la fédération nationale. Face aux lieux communs, ou aux légitimes inquiétudes, nous devons nous saisir de cette question migratoire pour inviter à la discussion, sans craindre la contradiction. Cela doit se faire sans faire l’économie de l’action : nous invitons les acteurs des centres à prendre contact avec ceux déjà en mouvement pour déterminer leurs besoins humains et matériels les plus imminent (CSC du Petit Colombes : 01 47 81 24 91/ CSC Valérie Méot : 01 46 52 59 00).
Porteurs des valeurs d’égalité, de non-discrimination, de solidarité, les centres sociaux sont légitimes à agir. Seules les mobilisations citoyennes que nous relayerons ou initierons pourront rappeler à nos gouvernants leurs tardives réactions et la faiblesse des moyens aujourd’hui en œuvre. Aujourd’hui pour les réfugiés, hier et demain pour les précaires et sans droits qui vivent sur nos territoires.
Le Conseil d’administration
Fédération des centres sociaux 92
Nanterre, 17 octobre 2015